vendredi 18 novembre 2016

39.

L’artiste Paul Pigne, basque par quelques hommes qui seraient passés par sa mère dans une chambre froide de boucherie, avait aligné sur le sol de la rampe colimaçon du Guggenheim de Bilbao, du jambon persillé en gelée et des pieds de porc panés par ses soins, à la main gauche. Alors que droitier, il s’était imposé une sinistralité à des fins artistiques… « Mon œuvr’ ser’a empr’unté dé maladr’ess’é » et un accent coincé entre Dalì et une goulotte à poinçonner station Picasso ( ben oui !) un jour d’affluence. L’installation laissait planer dans le quartier un parfum de Spigol, succédané d’épices à paella, dont il avait truffé son œuvre charcutière pour lui conférer ce caractère typiquement valencien (et attirer le public sans flyers). Outre le fait qu’à Bilbao, on bouffe plutôt des txipirones en su tinta… ¡ Mais quel còn ! Depuis qu’il vivait en Espagne, l’ancien traiteur de Bayonne, devenu happener par l’entremise d’une idée dite « du reste de rillettes une nuit de solitude la tête dans le pot » s’était forgé une réputation internationale. Il était aujourd’hui « El grande Pignolo con la mano » ou « Pablo el unico segundo » (sous sa forme raccourcie), face au monde artistique qui hurlait son nom d’adoration la bouche pleine de gratons un jour de pique-nique en plein soleil. Ses happenings se terminaient systématiquement par un lâcher de chorizetitos picantes muchas màs, plantés de petites fourchettes à deux dents, sur fond de « Banane » de Philippe Katerine (un pote à lui)… fil rouge incontestable qui le tracta aux confins de sa gloire… et il va sans dire que la rudesse de sa conception fit de lui ce qu’il est aujourd’hui.
¡ Sinon nadà !

Jane véronique

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