jeudi 30 juin 2016

23.

Je suis morte. Je suis morte petit à petit. Je ne m’en suis pas rendu compte. Ça ne m’est pas tombé dessus en un seul morceau comme un pan de mur qui se serait détaché alors que je passais sur le trottoir du petit marchand de guimauves. Non, je suis morte progressivement, engloutie sans douleur, sans souffrance… J’aurais pu me méfier, j’aurais dû… les mots n’existaient plus, les silences prenaient des allures de fissures, dans lesquelles j’aurais pu enfoncer mes doigts, ma main et un bras entier… et je me suis écroulée de sommeil dans ce parfum de sucre cuit. La mort s’est immiscée, m’a investie. La mort m’a prise sans utiliser de subterfuges. Elle s’est installée et je ne l’ai pas sentie, sans démangeaison, irritation quelconque, allergie colorée et persistante… La mort est arrivée et est restée là en moi… Mais la mort de quoi ?… D’ennui, je ne vois que ça, c’est cet ennui qui a causé le malheur… si ça avait été de peur, j’aurais ressenti cette crispation caractéristique qui précède l’affolement… et je m’en serais sortie !

Jane Véronique

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