Le
roi est mort. La reine pleure. Point trop. Juste ce qu'il faut. En
regardant du coin de l’œil le capitaine des dragons qui fait
depuis des années le délice de ses nuits. Qui reste impassible.
Bien obligé. A monter la garde devant le cercueil ouvert. Et la
reine, en regagnant ses appartements, prend plaisir à le frôler au
passage - sous couvert de recueillement devant la sépulture
conjugale. Mais le capitaine des dragons n'y tient plus. Sous les
yeux éteints du monarque cocufié, et à la stupéfaction générale
et endeuillée, il la retient par le bras, cette reine de tous ses
tourments. Et là, appuyé contre le royal catafalque, il lui roule
ce qu'il est convenu d'appeler une pelle d'enfer. Une pelle de
cinéma. Une pelle telle qu'on s'attendrait à entendre une voix qui
crierait coupez. Mais personne ne coupe. Dans le silence de mort qui
s'ensuit, la voix glacée de la reine mère :
-
Venez, ma bru. Ça vous fait bien assez d'émotions comme ça...
Gardez-en pour demain.
Marc Menu
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